Les frontières n’existent que dans notre esprit.
Imaginons, qu’avec trois copains nous nous trouvions au sommet du Mont Dolent. Tout en étant côte à côte, nous sommes dans trois pays: l’un en Suisse, un autre en Italie, le troisième en France. Selon la direction que nous prenons à la descente, trois prévisions d’avalanche s’appliquent. Le SLF en Suisse parle d’un niveau de danger « un » (faible), le Service d’alerte de la Vallée d’Aoste signale un degré deux (limité) et Météo France indique même en partie un niveau trois (marqué). Pourtant, les conditions météorologiques ont été sensiblement identiques tout au long de l’hiver sur les trois versants de ce massif frontalier.
La nature n’a pas de limites
Les montagnes ne s’arrêtent pas aux frontières administratives. Il en va de même pour la neige et les avalanches. Cependant, les bulletins d’avalanches dans les Alpes relèvent de 17 services distincts. Pour les Alpes, 17 services diffusent cependant des différents bulletins d’avalanches, des données de stations de mesure, des analyses d’avalanches et d’autres informations par des canaux très différents.
Normalisé, mais interprété subjectivement
Les services européens d’alerte sur les avalanches utilisent tous l’échelle européenne de danger d’avalanches. Mais l’échelle est appliquée avec une grande latitude d’interprétation. La pratique a montré des différences frappantes à maintes reprises. La rédaction des prévisions sur la base de la pyramide de l’information n’est pas harmonisée non plus. En définitive, l’adepte d’excursions hivernales est souvent confronté à des informations contradictoires alors que les conditions sont proches.
Une vision d’avenir
C’est pourquoi nous souhaitons une prévision d’avalanches plus cohérente, mieux harmonisée, aussi homogène et multilingue que possible, pour l’ensemble des Alpes, avec des représentations identiques, et pas de différences sérieuses dans l’utilisation des degrés de danger.
Cette vision pourrait se présenter comme suit:
- Adaptation optimale des prévisions d’avalanches aux besoins des amateurs de sports de neige, car ils représentent la grande majorité des victimes d’avalanches.
- Utilisation cohérente de l’échelle de danger. Un travail de Techel et coll. (2018) montre qu’il est nécessaire d’agir dans ce domaine, car les différents services d’alerte attribuent souvent des degrés de danger différents dans des situations similaires.
- Utilisation homogène et complète de tous les éléments de la pyramide de l’information.
- Multilinguisme : Au moins une langue locale plus l’anglais.
- Uniformisation de l’heure d’émission le soir (e.g. 18 h) avec une mise à jour optionnelle le matin (e.g. 8h).
- Représentation uniforme sur une carte dynamique couvrant tout l’arc alpin.
- Des processus similaires dans la génération de prévisions d’avalanches. Seuls des processus comparables peuvent conduire à des résultats comparables.
- Taille similaire des régions d’alerte et de prévision, qui peuvent ensuite être regroupées de manière flexible en région dangereuse.
Si c’était facile, ce ne serait pas un défi.
Nous sommes très reconnaissants aux services d’alerte pour le travail méticuleux qu’ils font chaque jour. Nous sommes également conscients que d’énormes efforts ont été faits et sont faits pour un rapprochement entre les services et les pays. Nous savons également à quel point la coopération transfrontalière est difficile et combien les ressources des différents services d’alerte sont différentes. Toutefois, nous pensons également qu’il y a encore un grand besoin d’agir.
L’exemple du Tyrol
RLe projet de Euregio Avalanche Report au Tyrol (Autriche), au Tyrol du Sud et au Trentin (tous deux en Italie) a déjà montré qu’il est possible d’obtenir une standardisation, même au niveau international. Les progrès très réjouissants réalisés ces dernières années avec la représentation interrégionale montrent également que la collaboration peut fonctionner lorsque tous les acteurs, de la politique aux responsables des avalanches, tirent dans le même sens.
D’où l’initiative pour une harmonisation des prévisions sur les avalanches à l’échelle des Alpes. Nous tenons à souligner combien il est important de travailler ensemble sur la prévision du danger d’avalanche, parce qu’une seule vie humaine ainsi sauvée vaudra davantage que toutes les ressources investies.
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